Démarche

J’ai toujours entretenu une intense fascination pour les mythes et légendes. J’aime leurs manières à la fois abstraites et ludiques d’interroger la place de l’homme dans le monde et les frontières qu’il s’y tisse. Je m’intéresse aussi à leurs évolutions et à la manière dont le temps influence leurs significations et leur portée.

J’aime croire que mes peintures partagent cette trame du mythe et qu’elles sont en elles-mêmes un espace à travers lequel je peux questionner l’histoire et la société actuelle. Les œuvres de ma dernière série s’adressent au rôle des femmes dans les systèmes de croyances à travers le temps. Les figures de la vestale, de la sorcière et de l’adolescente intimement liée à la forêt comme « environnement neutre » se situant hors des cadres normatifs y sont mises en scène.

Prenant souvent l’avant-plan, ce motif de l’arbre et de la forêt est omniprésent dans mon imaginaire. Il apparait naturellement comme cette nécessité de réconcilier nature et culture à travers une mythologie personnelle. Il s’agit parfois de sonder l’essence « presque spirituelle » qui apparait lorsque l’humanité s’abandonne au monde sauvage.

Qu’il y a-t-il de l’autre côté de ce « great wilderness » si imprévisible que nous présentaient les mythes ? Dans des histoires comme celle d’Actéon, il s’agissait pour l’homme de reconnaitre quelle était sa place dans le monde. Grand mal lui fasse d’oser mettre pied dans l’autre plan, celui de la divinité d’Artémis. Dans mes images, la forêt conserve clandestinement ce pouvoir de laisser place à tous les possibles. Tel un espace où l’invisible peut prendre forme, elle fait souvent office de refuge hors du temps pour les figures féminines qui y progressent.